MELISSA de Sahira Jeffry – Le Court Du Mois

MELISSA de Sahira Jeffry – Le Court Du Mois

3 février 2020 0 Par pertinence.retinienne

MELISSA de Sahira Jeffry

Comme vous pouvez le constater, le court du mois de Janvier arrive en retard… Mais c’est pour la bonne cause, puisque j’ai passé quelques jours en Malaisie ce mois-ci, et je vous en ramène une petite pépite ! Découvert grâce à mon amis Chan, je tenais à vous partager Melissa, un court métrage de fin d’étude malaisien réalisé par Sahira JEFFRY.

INTERVIEW : Rencontre avec Sahira JEFFY, réalisatrice de Melissa

 

Sahira JEFFRY, Réalisatrice de Mélissa

Quentin (PR) : Salut Sahira ! Merci de partager ton court métrage avec nous. Tu es une jeune réalisatrice malaisienne. Pourrais-tu nous dire quelques mots sur toi ?

Sahira : Je suis Sahira, diplomée de l’université de multimédia et titulaire d’un Bachelor en art cinématographique. J’ai toujours aimé les arts et la musique. Depuis que je suis enfant, j’ai toujours des crayons de couleur avec moi et je dessinais n’importe où, j’écrivais même des mots sur les murs. Ce que j’aime dans les films c’est que c’est un art composé de toutes les choses qui me passionnent.

PR : Ton court-métrage, Melissa, est ton film de fin d’étude. Peux-tu nous expliquer dans quelles conditions a été produit ce film ?

S : Le budget total de Melissa est de 25000 Ringgits [env. 5500€], et tout cela grâce aux donateurs et aux différents partenaires de location de matériel. Ce budget inclut beaucoup de choses à l’exception d’une partie du matériel de location car nous avons réussi à nous faire parrainer pour une moitié de l’équipement. Cela exclut également le décor puisque Melissa a été tourné dans une décor unique. Nous avons pu avoir accès à cette maison après un entretien avec le sultan DYMM car c’est sa propriété. Notre école nous a aidés également à organiser des événements dans lesquels nous pouvions inclure notre financement participatif. Nous avons rejoint un concours où nous avons présenté nos idées à un jury et avons pu gagné une somme d’argent supplémentaire.

L’équipe technique était composée de Amirr Shahlen (Producteur), moi (Réalisatrice), Iqbal Jeffry (Scénariste), Aqilah Jamal (chef décorateur) et Faiz Izal (Directeur de la photographie et Monteur). Pour le casting j’avais déjà en tête une idée de l’actrice pour jouer le personnage principal et dès l’écriture je lui ai proposée le rôle.

Melissa n’aurait jamais vu le jour sans le soutien de nos proches, de nos camarades, de notre équipe de production et de nos partenaires. Nous leurs sommes énormément reconnaissant. Je remercie en particulier tous mes professeurs pour les longues heures de soutiens et de conseils.

PR : L’histoire de Melissa est très dure et émouvante. Quelle a été ta source d’inspiration pour l’écrire ?

S : Le point de départ de ce scénario est une réflexion sur le syndrôme de Stockholm. J’ai toujours été fascinée par la psychologie et tout ce qui est lié à la psyché et aux conditions humaines. Durant l’écriture, mon professeur a réussi à me faire prendre conscience d’un élément auquel je n’avais jamais pensé à propos du cinéma. Quelque soit le sujet sur lequel nous écrivons, il reflète beaucoup de nous même et nos antécédents. Melissa est une histoire sur le syndrôme de Stockholm, en effet. Mais en réalité, l’histoire nous révèle beaucoup de choses sur la façon dont Mélissa trouve une connexion, un confort et un sentiment de familiarité dans une situation qu’elle est censée ressentir comme précaire et dangereuse. Cela en dit long sur ses antécédents et les types de maltraitances auxquels elle est confrontée à la maison. Elle trouve finalement ce sentiment de confort et de familiarité avec Razman.

PR : Quelles difficultés as-tu rencontrées lors de la réalisation de ce court métrage ?

S : Rassembler le budget a été un vrai combat. Nous avons dû mettre beaucoup d’argent au départ pour aller et venir pour pitcher et tenter de trouver des partenaires. Nous avons également beaucoup voyager dans la région de Johor [Sud de la Malaisie] pour trouver un décor pour le film. Nous avions besoin d’un certain type de maison, délabrée, où nous pouvions facilement construire le minimum nécessaire pour obtenir la disposition des pièces souhaitées. Il a été également difficile d’obtenir tout ce qui était nécessaire en termes d’accessoires.

Nous avons eu des difficultés avec l’histoire car il fallait raccourcir le scénario. Au montage, nous avons dû réduire la durée du film et nous avons fait de notre mieux pour le rendre plus compact sans perdre son essence.

C’était une aventure très difficile, surtout pour nous qui étions encore en train d’apprendre les ficelles du cinéma. Mais malgré la pression nous avons eu beaucoup de plaisir à faire ce film et je n’aurais jamais pu aller aussi loin sans une telle équipe qui persévérait et me soutenait malgré les obstacles.

PR : L’image de ton film est très réussie ! Comment as-tu travaillé avec ton directeur de la photographie ?

S : Merci beaucoup ! Faiz IZAL est mon directeur de la photographie et travailler avec lui a été super ! Il est également le monteur et il m’a vraiment aidé à donner vie à la vision de Melissa. Comme avec tout le reste de l’équipe, nous avons également travaillé sur l’histoire ensemble. Il me faisait des retours sur le script et nous réfléchissions ensemble aux solutions. Lors du découpage technique, j’ai senti que nous étions vraiment en phase et avions la même vision de Melissa. Nous avions regardé des films ensemble durant la phase d’écriture et dès qu’une scène ou un plan nous semblait correspondre à ce que l’on recherchait on se regardait simultanément, c’était très excitant. En fin de compte, nous avons opté pour une approche brute de l’histoire. Melissa est la représentation d’une valeur humaine primaire, celle de se connecter, trouver un sentiment d’appartenance ou de confort auprès de quelqu’un ou quelque chose.

PR : Quelle est ta scène favorite dans Melissa et pourquoi ?

S : Ma scène préférée… En fait j’hésite entre la scène de liaison dans la cellule et la séquence dans la salle de « chirurgie » où Melissa se cache et Apak accuse Razman de l’avoir aidée. J’adore la scène dans la cellule car c’est le coeur de l’histoire et elle est révélatrice des personnages. Au tournage je souriait en les regardants tous les deux, Puteri BALQIS en Mélissa et Amerul AFFENDI en Razman, ils interagissaient et leur relation semblait réelle. La salle d’opération quant à elle me tient à coeur d’une manière complètement différente puisque c’est lié à ce qu’il s’est passé sur le plateau. Lorsque nous avons tourné, nous avons commencé par les masters et donc filmé la scène dans son ensemble. Comme nous avons tous les personnages dans cette scène, tout paraissait réel. Faiz et Aqilah qui étaient dans la pièce ont vraiment ressenti la tension et ont même pleuré (je ne vous dirais pas lequel ;D). Tout ce qui s’est passé sur cette prise de vue était vraiment fort et pendant une fraction de seconde, j’ai oublié que je tournais un film. C’est un sentiment que j’espère ressentir à nouveau : ce moment où la vision d’une idée prend vie.

PR : En tant que jeune cinéaste qui a étudié dans une ecole de cinéma, penses-tu que ta formation a façonnée ta façon de penser et de raconter des histoires ? Etait-ce bénéfique ?

S : Je pense qu’elle m’a certainement aidée à apprendre toutes les règles que les gens ont pu utiliser pour raconter une histoire et l’une des beautés de l’art est d’apprendre à utiliser ces outils pour qu’ils t’aident à devenir un meilleur cinéaste. Si tu souhaites enfreindre les règles, comment le faire correctement sans que cela ne déconnecte le public etc… Je pense que ça a été très bénéfique pour moi d’aller dans une école de cinéma car cela m’a obligée à m’intéresser et à comprendre beaucoup de bases et de théories sur la façon de raconter une histoire. Je n’ai aucun regret : c’était super d’apprendre !

PR : Merci beaucoup d’avoir répondu à ces questions. Es-tu actuellement en train de travailler sur un nouveau projet ? Que se passe-t-il après la sortie de l’école ?

S : De rien, c’était un plaisir ! Personnellement, je travaille actuellement sur une idée de court métrage ou de série. S’il y a des opportunités pour que je concrétise cette idée, je sauterais sur l’occasion. En dehors de cela, je travaille en tant que scénariste indépendante.

 

Affiche de Melissa

Pour aller plus loin

Si cela vous intéresse, vous pouvez aller jeter un coup d’oeil au making off de ce très beau film.

Q.