Le Clap : Objet culte du Cinéma

Le Clap : Objet culte du Cinéma

J’ai longuement réfléchi à quel sujet aborder pour bien commencer ce site. Jusqu’à ce qu’une certaine évidence apparaisse. Pourquoi ne pas attaquer directement en démystifiant l’objet le plus culte du milieu cinématographique, le symbole des tournages : le Clap.

Photo : R. Le Roux / Tournage : Dédestinés

Quelle est sa fonction ?

Le clap, de façon simplifiée, est une « planche » (généralement en plastique ou en ardoise) sur lequel sont inscrites des informations, et comportant une « claquette » permettant d’effectuer un son bref, mais intense.

Ce qu’il faut savoir avant toute chose, c’est que depuis l’apparition du Cinéma sonore (dans les années 30), le son et l’image sont enregistrés sur des supports différents. L’un des enjeux principal depuis cette période, est de garantir la synchronisation audio vidéo.

Pour la rendre possible, deux étapes sont obligatoires en post-production : retrouver les clips audios et vidéos correspondants puis déterminer un point de synchronisation grâce à un élément audio-visuel.

Pour la première étape, il s’agit de donner les renseignements du plan à la fois à l’oral, mais aussi visuellement. C’est pourquoi on écrit sur le clap les informations de la prise à tourner, et qu’on les annonce oralement lors d’une procédure que l’on répète à chaque début (ou fin) de plan.

Pour la seconde étape, il suffit d’effectuer un son sec, grâce à un élément suffisamment visuel : la claquette. En post-production, il faudra retrouver l’image sur laquelle entre en contact les deux parties de la claquette, et le début du son correspondant. Une fois les deux points alignés, la synchronisation image son est parfaite.

Les informations d’identification

Déjà à l’époque du muet, il était impératif d’identifier chaque prise, pour les différencier sur le négatif, et ne développer que les prises marquées comme « réussies » sur le rapport scripte. Il y a trois types d’informations indiquées sur le clap.

Les informations factuelles

Les information factuelles sont importantes pour permettre facilement de retrouver, de hiérarchiser ou de catégoriser les rushs. Parmi ces informations on retrouve généralement :

  • production
  • réalisateur
  • directeur de la photographie
  • date
  • indications de lumières (intérieur / extérieur + Jour/nuit)
Photo : Q.Porte / Tournage : Un si Grand Soleil

L’identification

C’est la partie la plus importante du Clap, les fameux nombres qui remplissent les cases. Il faut savoir qu’un scénario est découpé par séquence (grosso modo, unité de lieux et de temps). Chaque séquence est montée à partir de plusieurs plans (axe caméra). Et enfin au tournage, il faut souvent plusieurs « prises » pour avoir le plan tel qu’on l’imaginait. Ces séquences, plans et prises sont donc numérotés pour créer l’identification du Rush. On les notera :

Séquence / Plan | Prise

Par exemple :

24/3 | 2 (se lit « vingt quatre sur trois, deuxième ») : Indique que l’on tourne pour la deuxième fois le plan numéro trois de la vingt quatrième séquence.

Sur les séries, il faudra également préciser a l’avant de cette identification le numéro de l’épisode concerné. Cela peut se faire soit en rajoutant un nombre, soit en rajoutant un préfixe au numéro de séquence. Par exemple 1224 indiquera la séquence 24 du 12ème épisode (peu de chance qu’il y ait 1224 séquences 😉 ). Quoi qu’il en soit, ce sera toujours le rôle de la scripte d’établir le numéro d’identification d’une prise.

Les informations techniques

Il n’est pas rare de voir apparaître sur le clap des informations techniques, toujours dans l’idée d’aider le laboratoire ou le montage.

Photo : Q.Porte / Tournage : Tandem

Selon les claps, une dernière case peut être disponible pour noter le numéro de « bobine », c’est à dire le numéro de la carte sur laquelle on enregistre le plan.

S’il y a un réglage caméra exceptionnel, on peut l’indiquer sur le clap. Par exemple un changement d’ISO, de Température de couleur ou plus particulièrement un changement de fréquence d’image (plan au ralenti ou en accéléré par exemple).

Lors d’un tournage en Multi-Caméra, il est toujours intéressant d’indiquer le nombre de caméras (3cams) ou même leur noms (A,B,D). Cela permet lors du montage, de savoir que si une prise est particulièrement bonne en terme de jeu d’acteur, elle peut être disponible dans un autre axe.

Enfin, deux abréviations récurrente sur un clap :

« P.U. » : C’est l’abréviation de Pick-Up. Kezaco ? Chaque plan recouvre la séquence d’un point A à un point Z. Mais il peut arriver lors du tournage que quasiment toute la prise soit réussie à l’exception d’un court passage, une réplique ou l’acteur a bafouillé par exemple. On propose alors un Pick-Up, c’est à dire que l’on refait une prise mais uniquement une portion de la durée habituelle du plan.

« R » : Il s’agit alors d’un retake. C’est à dire que la séquence avait déjà été tournée, mais que l’on s’est rendu compte après coup que pour une raison quelconque les prises ne convenaient pas. Il faut donc retourner des plans, voir la séquence complète. Ce sont les retakes.

Le « claquage »

Une fois le clap « charbonné » (oui, c’est comme ça qu’on dit dans le jargon), nous somme prêts à le présenter devant la caméra. J’en profite pour préciser que différentes tailles de clap existent. En effet, lors d’un gros plan sur les yeux du personnage, il est préférable d’avoir un clap plus petit que lors d’un plan général.

Photo : Q. Porte / Tournage : Divertimento

L’identification du plan est donc réussi, manque plus qu’à « clapper » pour assurer la synchronisation. Pour cela rien de plus simple : il suffit d’effectuer un son bref grâce à la claquette.

A savoir qu’en France, deux « écoles » s’affrontent : clap ouvert ou clap fermé ? Théoriquement, les français sont partisans du clap ouvert. C’est à dire qu’il réouvre la claquette immédiatement après avoir clappé. L’idée étant que la claquette soit fermé uniquement sur UNE image qui sera donc celle à synchroniser.

Cependant le clap fermé présente un avantage indéniable pour les assistants monteurs. Le but étant de laisser le clap fermé après avoir clappé, il devient plus facile lors de la synchronisation d’établir si le son du clap est avant sur la timeline (le clap est fermé) ou après (le clap est ouvert).

Où se procurer un Clap ?

Je ne peux que vous inciter très fortement à acheter des claps professionnels. Vous les trouverez dans des magasins spécialisés tels que TSF. Malheureusement, les prix sont très élevés !

Il est possible de trouver des claps à des prix beaucoup plus raisonnables sur Amazon (ou autre) mais la qualité est bien moins fiable. Prenons l’exemple du clap ci-dessous qui peut être tout à fait convenable, moyennant certaines précautions. Les marquages ne sont pas gravés et disparaîtront rapidement. D’autres part, les marqueur même non-permanent s’effacent difficilement. Dès l’achat je vous recommande donc de rajouter un film plastique sur la planche pour la protéger et faciliter les multiples réécritures. De plus, il est assez fragile, soyez donc précautionneux, et gardez un œil sur les vis qui se déserrent régulièrement.

Malgré ses quelques défauts, si vous respectez ces quelques conseils, ce clap conviendra tout à fait pour un tournage « amateurs », ne pouvant se permettre d’acheter un clap professionnel.

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Voilà, vous savez tout sur cet objet mythique du Cinéma ! J’espère que cet article vous a plu, n’hésitez pas à me laisser des commentaires ou à me poser vos questions. Je me ferai un plaisir d’y répondre !

Q.