M. HUGO de François Le Guen – Le Court du Mois

M. HUGO de François Le Guen – Le Court du Mois

Je suis très heureux de vous présenter le Court du Mois, M. HUGO, du réalisateur François le Guen. C’est un court métrage que j’ai découvert il y a plus d’un an, et j’attendais impatiemment qu’il soit disponible gratuitement sur Internet pour le partager avec vous. C’est le cas depuis quelques jours, je vous propose donc de le découvrir avant d’en discuter avec son réalisateur.

INTERVIEW : Rencontre avec François LE GUEN, réalisateur de M. HUGO

François LE GUEN, Réalisateur de M. HUGO

Salut François et merci d’avoir accepté cette interview. Tout d’abord, faisons connaissance avec toi, quel est ton parcours ? 

Je réalise des courts-métrages amateurs depuis mes 12 ans. À l’époque, c’était avec mes camarades de Rauville-La-Bigot. J’ai ensuite été au lycée Jean-François Millet à Cherbourg en option cinéma, j’y ai eu mon bac en grande partie grâce à cette option. J’ai ensuite étudié à l’école de cinéma 3iS, à proximité de Versailles, pendant trois ans, ce qui m’a permis de réaliser mon court-métrage de fin de cursus qui est ensuite parti en festivals : M. Hugo.

M. Hugo vient tout juste d’être diffusé sur le web après plusieurs années de festivals. Comment s’est passée cette distribution ? Quel est ton sentiment en voyant cette longue liste de sélection ?

C’est incroyable ! En deux ans (de Décembre 2018 à Décembre 2020) nous avons été sélectionné dans 60 festivals, dans 24 pays et nous avons obtenu 14 prix, dont ceux du meilleur scénario, meilleur réalisateur, meilleur acteur, etc. Ce voyage de deux ans m’a énormément donné du courage et de la motivation pour continuer à faire ce métier. Bien qu’y parvenir est encore long et laborieux, cette reconnaissance ne fait que donner de l’espoir.

Tu as réalisé M. Hugo dans le cadre de ta formation à 3IS. Peux-tu nous parler comment ce projet s’inscrit dans le cursus universitaire, et dans quelles conditions tu as pu le réaliser ? 

Lors de la fin de deuxième année d’étude, en 2017, deux professeurs (un de réalisation et un scénariste) demandaient les pitchs et les premières idées pour les 16 courts-métrages des 16 réalisateurs étudiants, afin de préparer le grand projet de la troisième et dernière année. L’écriture a officiellement démarré dès le mois de Septembre et l’équipe a été déterminée en Décembre (près d’une quarantaine de techniciens à mes côtés). C’est en 2018 que la production était lancée. Je suis descendu en Normandie pour chercher du financement, en passant par les journaux et à la radio, j’ai sollicité des contributeurs à nous aider grâce à une campagne Ulule. Nous avons obtenu 2300€ et l’école de cinéma nous aidait notamment avec 1000€ de budget pour le matériel technique. Le tournage a eu lieu au mois d’Avril, 6 jours intenses où je dormais très peu, j’étais très stressé de découvrir cette première expérience, c’était un cap à passer, mais ce n’était que bénéfique et au final un bonheur total.

Je pense que tu seras d’accord pour dire que ton film est “burlesque”. C’est un genre malheureusement très absent des écrans de nos jours. Pourquoi avoir choisi ce genre ? Une référence à Wes Anderson ?

Je suis passionné de burlesque depuis l’enfance, que ce soit Chaplin, Keaton et tant d’autres. Le premier film que j’ai vu de ma vie est peut-être bien “Les Vacances de M. Hulot” ! Le personnage de M. Hugo renvoie directement à ce personnage de Jacques Tati. En effet, peu de films sont encore dans cette veine d’humour burlesque, peut-être un peu daté pour certains. Mais oui, Wes Anderson remet les pendules à l’heure et d’autres réalisateurs français sont revenus à ce style récemment, notamment Dominique Abel & Fiona Gordon, ainsi qu’Emmanuel Mouret ou encore Bruno Dumont. J’espère vivement relancer ce genre atypique et qui me tient à cœur.

Ton film est une critique amusée du monde de l’art contemporain. Pourquoi avoir écrit cette histoire et quel est ta relation avec le monde de l’art ?

Je ne juge absolument pas l’art contemporain, tout art est libre. Je ne suis peut-être pas un grand amateur de ce mouvement qui, depuis Marcel DUCHAMP, a maintenant un siècle. Mais le décor était idéal pour raconter l’histoire d’un observateur, dont celui du surveillant de musée, M. Hugo, qui a d’ailleurs un regard aussi bienveillant que le mien. Lorsque je visite des musées, des expos, il est vrai que je m’attarde plus sur les spectateurs que sur les œuvres elles-mêmes. Dans ce film, je compare surtout le surveillant de musée à un réalisateur, puisqu’il met son tableau concret entouré d’œuvres totalement abstraites. C’est comme-si je mettais mon film, aussi naïf et sincère, dans un catalogue de films opposés qui ne prendrait pas mon film au sérieux. M. Hugo surveille et regarde les gens pour faire ensuite ses dessins, comme j’ai observé les gens pour réaliser ce film.

Une petite question concernant le cadre. Pourquoi le choix du 4/3 et qu’est ce que cela a impliqué ? Comment as-tu travaillé avec ta cadreuse concernant la composition des plans ?

Le format 4/3 rappelait pour moi les débuts du cinéma muet (comme le personnage l’est), notamment l’époque du cinéma burlesque. Le choix s’est fait quasiment au dernier moment, mais il me semblait évident que le personnage soit dans un cadre plus serré, évoquant une bulle. Ce format presque carré peut notamment faire écho aux cadres de tableaux, ce qui convenait très bien au décor du musée. Le format est quasiment identique au tableau que met M. Hugo dans le musée.

Merci pour toutes ces réponses. Quels sont tes projets actuels, ceux que tu as développés depuis M. Hugo ?

Depuis M. Hugo, j’ai réalisé un clip pour des amis du lycée, un groupe situé dans la Manche (Natural Disorder) et trois autres courts-métrages bénévoles, dont deux où je termine la post-production en ce moment. Dès que les festivals reprendront leurs activités, je les enverrai également ! Les festivals en ligne ne sont pas très intéressants pour moi en ce moment, sachant que je préfère rencontrer le publique et le jury, dont parfois des producteurs. Notamment, j’envoie en ce moment un nouveau scénario à plusieurs productions puisqu’il s’agit d’un projet plus ambitieux, ce qui n’est pas chose facile, mais je persévère ! À côté, je me suis retrouvé acteur dans la série France 2 “Un si grand soleil”, ce n’était pas dans mes projets à la base, mais cette opportunité me permet d’apprendre à encore mieux diriger les acteurs. J’y retourne en Mai prochain et probablement pour tout l’été !

Affiche de M. HUGO

Q.