LCDM – LUCIDE d’Alexandre Masson

LCDM – LUCIDE d’Alexandre Masson

4 septembre 2019 1 Par pertinence.retinienne

Lucide de Alexandre MASSON

Je suis très heureux de vous présenter aujourd’hui le premier film que je sélectionne suite à l’APPEL A FILMS LYCEEN que j’avais lancé début Juillet. Vous avez été nombreux à me soumettre votre film et j’étais agréablement surpris de leurs qualités. J’ai choisi LUCIDE d’Alexandre Masson car c’est un projet ambitieux qui a dû être difficile à réaliser avec des moyens lycéen. Je vous laisse découvrir ce court métrage de 22 minutes produit en 2016.

INTERVIEW : Rencontre avec Alexandre MASSON, réalisateur de Lucide

Quentin (PR) : Salut Alexandre, et avant tout, merci d’avoir participé à ce premier appel à film lycéen ! Ton film a trois ans,  j’espère donc qu’aujourd’hui tu n’es plus lycéen ! Pourrais-tu nous raconter ton parcours ?

Alexandre (Réalisateur) : Bonjour ! Alors, je n’ai jamais eu de cours sur le cinéma ou d’option dans ce domaine, que ce soit au collège ou au lycée. J’ai passé un bac S.SI (dans lequel je ne m’épanouissais pas vraiment) en attendant impatiemment mes études de cinéma après ce fameux bac. Pendant mes années lycée, j’ai cependant fait beaucoup de vidéos sur Youtube, m’exerçant ainsi au jeu et à la réalisation. C’était mon passe temps en dehors du lycée, en quelque sorte. Je n’ai jamais eu l’opportunité d’être dans un lycée proposant une option cinéma audiovisuel.

Q : Réaliser un film au lycée est toujours très compliqué à mettre en place. Pourrais-tu nous parler des conditions dans lesquelles a été réalisé LUCIDE ? (Budget, équipe technique, matériel etc…)

Pendant mon année de terminale, j’étais en internat. Je supportais mal le fait de ne pas être chez moi, j’avais un grand besoin d’évasion. L’idée d’écrire un court-métrage « sérieux » que j’aimais qualifier comme « mon premier vrai court-métrage » m’est très vite venue en tête. 

Pendant toute cette année-là, j’ai écris durant mon temps libre, recherché un financement, une équipe. Bref, j’ai effectué toute la préparation du film en solitaire, pour finalement le tourner l’été qui suivait.

Pour faire ce film, j’ai vite compris que j’allais avoir besoin de pas mal d’argent… Que je n’avais pas, bien-sûr. Un ami m’a parlé du Fond Initiative Jeunesse, dans le Vaucluse, qui permet à des jeunes de réaliser des projets, avec une aide allant jusqu’à 1500€. J’ai sauté sur l’occasion, et les ai contactés autour du mois de février. Il m’a fallu plusieurs mois pour monter un dossier avec l’aide de la MJC de Coustellet, qui faisait la liaison entre moi et le comité du FIJ. Parfois, il arrivait que je sèche des cours pour aller à des rendez-vous pour parler de mon film, afin d’avoir un peu plus de chances d’être financé. J’ai dépensé beaucoup d’énergie pour obtenir ces 1500€.  J’avais une connaissance technique du court-métrage grâce à internet, ce qui m’a permis de louer une bonne caméra (Blackmagic pocket).

Seulement, cette somme allait partir dans la location du matériel, j’avais besoin de plus d’argent. J’ai donc attendu le mois de juillet pour travailler en tant que serveur à Apt, afin de pouvoir obtenir le budget nécessaire pour ce film, environ 3000€. 

En parallèle de tout ça, j’écrivais, je découpais, je recrutais mon équipe, en leur disant qu’ils devraient être dispo 6 jours en août sans être payé. Ce fut compliqué, parfois on s’est retrouvé à être deux sur le tournage, mon assistant et moi-même. Le petit soucis c’est que quand il y avait du monde sur le tournage, c’était des amis, et il fallait tout leur expliquer. Mon devoir était donc de briefer le cadreur sur la façon dont la caméra fonctionne, briefer le perchiste sur les branchements XLR entre l’enregistreur et la caméra… Beaucoup de choses que je ne savais pas moi-même et que je regardais sur internet la veille. 

Q : Et le casting ? Comment as-tu trouvé des acteurs ? Je reconnais quelques acteurs  professionnels, comment sont-ils arrivés sur un film réalisé par un lycéen ?

A : Pour ce qui est du casting du film, tout s’est passé via facebook et cineastes.org, les deux chemins les plus classiques pour des projets de court-métrage. J’ai essayé de rejoindre des groupes de comédiens de la région, j’ai posté des annonces et reçu quelques candidatures. Le gros soucis avec le casting de ce film c’est que je ne pouvais pas faire passer d’essais, tout se déroulait via des échanges internet et des bandes-démo. Je n’avais pas assez de candidatures pour organiser des castings, alors quand je voyais qu’un profil me plaisait (pour les plus petits rôles) je ne me posais pas trop de question, je confirmais. Pour ce qui est des deux rôles plus importants je téléphonais beaucoup, pour parler du projet, du tournage, pour convaincre surtout. Quand il y avait des acteurs un peu plus confirmés, comme Pascal D’Iverneresse ou Laurent Eychienne, je devais leur expliquer en détail ce que je voulais raconter, pourquoi, et quelle ambition j’avais pour le film. Il fallait les convaincre en peu de temps.

Q : Comment t’es venue l’idée de ce scénario ? Qu’est ce qui t’intéressais dans cette notion de rêve ?

A : Pour ce qui est de l’écriture de ce film, tout est parti d’un vrai besoin d’évasion personnelle. J’ai grandi à Lyon, et j’ai tout quitté pour passer ma terminale en internat à L’Isle sur la Sorgue. Ce fut un gros changement pour moi, et chaque soir j’avais qu’une envie c’était de m’évader, de partir. J’ai senti que faire un film m’aiderait à extérioriser ce besoin que j’avais, alors j’ai écrit. À côté de ça je voulais faire un peu de fantastique, et l’idée des rêves lucides m’est venue tout de suite, car c’était une période où je me renseignais beaucoup sur cette pratique (certainement pour arriver à la pratiquer j’imagine). De fil en aiguille j’ai écris un personnage qui cherche l’évasion à travers les rêves, qui s’en sert pour répondre à des pulsions d’ado (oui, l’histoire d’amour me paraissait indispensable dans ce film, il fallait que j’en parle). Le monde du rêve est tellement mystérieux que l’on peut tout réinventer à travers le cinéma. Je pouvais donner ma définition du rêve lucide et ça me plaisait.

Q : Quand on voit ton film, on ne peut s’empêcher de penser à  Inception de Christopher Nolan. C’est une référence pour toi ?

A : Je suis totalement fan de Christopher Nolan ! Inception est une source d’inspiration pour Lucide, c’est sûr, mais je m’en suis surtout inspiré pour la forme plutôt que le fond. Par exemple, dans le film ils utilisent un objet pour savoir s’ils rêvent ou non. J’ai donc compris que j’aurais besoin d’un petit truc, un élément pour indiquer si le personnage rêve ou non. L’idée des lunettes m’est alors venue. C’est subtil, mais dans Lucide, à chaque fois qu’il rêve, il n’a pas ses lunettes. Il y a même un plan dans sa salle de bain, vers la fin du film, où il se regarde, un peu confus, où l’on peut remarquer que sur un miroir il a ses lunettes, sur l’autre non, indiquant ainsi la confusion du personnage sur la frontière rêve/réalité.

Dans Inception ils ont une machine pour les rêves, je me suis dit qu’un tas de dessins ferait l’affaire pour motiver notre personnage à faire des rêves lucides.

Q : Encore merci d’avoir participé à cet appel à film et d’avoir prit le temps de répondre à toutes ces questions. Pour conclure, pourrais-tu nous parler de tes projets à venir et parler de tes ambitions professionnels. 

A : Merci pour ces questions, ce fut un plaisir de revenir quelques années en arrière. À l’heure actuelle, je sors tout juste de 3 ans d’école de cinéma. J’ai pu y réaliser quelques fictions, notamment « Kuko » et mon dernier court-métrage « Washout », un thriller de 13 minutes qui commence tout juste sa carrière en festival. Mon but est de faire du long, et ce le plus rapidement possible, afin de faire le plus de films possible dans ma vie. J’ai tellement d’histoires à raconter que je n’arriverai pas à toute les faire… En tous cas, depuis quelques semaines j’écris mon premier long, que je vais chercher à faire produire dès la fin de l’année.

Q.